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Retour expérience raid à ski de randonnée autour du Mont Thabor mars 2023

L’organisation d’une sortie pour autonomes en raid mais abordable

L’idée m’est venue à la suite de la sortie organisée en 2022 dans le Queyras où nous étions partis 3 jours en raid « en étoile » : nous dormions au même refuge tous les soirs. Nous voulions faire le tour d’un sommet : le tour de la tête des Toilies. Malheureusement la sécheresse désastreuse de 2022 a mis à mal cet objectif et nous nous sommes rabattus sur quelques pentes en face nord. Le séjour a tout de même été très agréable et plaisant, malgré quelques portages

Pour 2023 je souhaitais également faire le tour d’une montagne, mais cette fois-ci dormir dans un refuge différent chaque soir. L’objectif de la sortie était d’essayer, autant que faire se peut, d’organiser des courses pas trop exigeantes (~1000m de D+ par jour maximum), et de rester 4 jours en raid.

Comme en 2022, l’objectif d’organisation de la sortie était de pouvoir démarrer le raid, ski aux pieds, en partant depuis Paris en train + navette/taxi. Connaissant un peu les itinéraires d’été dans les Cerces entre la vallée de la Maurienne (sud Savoie) et la vallée de la Clarée (nord Hautes-Alpes), l’objectif du Mont Thabor (3178m) a assez vite été décidé car le TGV nous transporte à Modane, dans la vallée, en 4h environ.

Itinéraires prévus. Données cartographiques : © IGN, RGD, CRIGE-PACA, Région Provence-Alpe-Côte d’Azur, Département des Hautes-Alpes

Et nous voilà aujourd’hui de retour chez nous, avec l’objectif accompli : le tour complet et le sommet du Mont Thabor. Merci à Fernando pour le compte-rendu détaillé ci-dessous, et à Audrey pour l’analyse de notre impact sur la planète grâce à l’élaboration d’un bilan carbone de la sortie. Et merci à tous les participant.e.s qui ont permis de faire en sorte que tout se passe à merveille.

Itinéraires réalisés. Données cartographiques : © IGN, RGD, CRIGE-PACA, Région Provence-Alpe-Côte d’Azur, Département des Hautes-Alpes

Bonnes lectures !

Paul

Gilles arrivant à la pointe de Terre Rouge. Vue sur le pic du Thabor, en premier plan à gauche, et le Mont Thabor au milieu.

Le tour du Mont Thabor

Superbe randonnée à ski. Des itinéraires variés pendant ces quatre jours en altitude. Le massif du Thabor offre une incroyable variété de reliefs. De belles aiguillettes collées à de raides parois y côtoient des vallons aux formes arrondies. Si la montée depuis la station de Valfréjus jusqu’au Lavoir n’a pas de quoi faire rêver – la descente non plus – à partir de ce lieu-dit commence un joli itinéraire alpin jusqu’au refuge du Thabor. Cette première étape de D+870 m n’est pas sans poser de problèmes aux skieur.ses aux pieds fragiles.

Au refuge du Mont Thabor. Pas de douches mais une excellente bière locale. Soirée agréable, comme le seront les deux suivantes. 

Refuge du Mont Thabor

Départ samedi matin pour le refuge des Drayères. Nous contournons le Pic du Thabor par le nord puis le Mt Thabor par l’ouest. Faces abruptes, souvent déneigées à part quelques couloirs bien encaissés. Les trois groupes de cinq skieur.ses chacun sont relativement autonomes. Bien sûr, le premier groupe mené par Paul, et son copain GPS, ouvre la voie. Mais chaque groupe peut réaliser son itinéraire comme ce fût le cas à la descente du Passage du Pic Thabor. Au refuge, grand moment sous la douche chaude mais pas plus de 5 minutes. Puis, bières et copieux dîner de lasagnes.

Dimanche, The grand jour. Montée au Mont Thabor. D+ 1150m. Un itinéraire pas si évident dans un relief tourmenté. Enfin une fois passé le col de Valménier, la pente Est nous attend. Elle se mérite. Elle présente des passages en neige très dure voire glacée. Couteaux sur les skis pour les prudents, sans couteaux pour les téméraires. Tout le monde parvient à la chapelle du Mt Thabor (simple cabane en bois). Puis au sommet, sans neige, à 3178 m, à pied. Le spectacle à 360° est à couper le souffle. Tout le massif de l’Oisans, les Aiguilles d’Arve et bien d’autres sommets s’offrent à nous. Quelle belle récompense après ce long itinéraire de montée !

Vue vers les Écrins depuis le sommet du Mont Thabor

Mais le vent du Nord nous oblige à redescendre un peu pour le casse-croûte. Et en parlant de croûte, la descente va nous en réserver de belles. D- 1500 m plus tard, nous arrivons au refuge Terzo Alpini dans la Vallée étroite. Nous y sommes le seul groupe. Donc douches chaudes, bières fraîches, apéritif offert par le gîte et dîner italien que l’itinéraire du lendemain aidera à faire passer.

Lundi matin, dernier jour. Nous partons pour passer au Col de la Fontaine froide, bel itinéraire qui longe les versants ouest de la Pointe Balthazar et de la Cime de la Planette. Mais, un raid sans portage des skis perd de son charme. Donc par deux fois, nous les portons sur des tronçons déneigés. Au col nous avons une autre vue sur le massif, mais là un peu déprimante. Le noir l’emporte sur le blanc. Le manque de neige en ce début mars témoigne d’un hiver déréglé. Descente à Valfréjus, où tout le monde s’habille pour le bal de retour. Puis Modane pour un sympathique moment de convivialité à la terrasse d’un bistrot qui témoigne de la belle ambiance de ces 4 jours de raid.

Fernando

Bilan carbone du raid

Mesurer les émissions carbone de nos sorties sportives est une démarche utile pour comprendre ensemble notre impact sur le climat, identifier les marges de progression et agir pour les réduire. Pour cela, le bilan carbone est un outil de diagnostic qui permet d’analyser les émissions de gaz à effet de serre générées par des activités. L’objectif est d’expliquer les sources d’émissions et d’avoir des ordres de grandeur du carbone liés à nos différentes pratiques. 

Une première estimation, sur la base de données publiques (Ademe et SNCF notamment), indique que notre raid au Thabor aurait un bilan carbone de l’ordre de 829 kg CO2e. La mobilité et l’alimentation sont les deux principales sources d’émissions (respectivement 372 et 322 kg CO2e), puis arrive l’hébergement (135 kg CO2e).

Rapporté au nombre de participants (15 personnes), cela représente une moyenne de 55 kg CO2e par personne pour les 4 jours. L’impact carbone individuel des participants n’est néanmoins pas le même selon les modes de transport utilisés et le régime alimentaire adopté. La figure ci-dessous fait clairement ressortir que favoriser le train à la voiture pour rejoindre le lieu de la sortie réduit l’impact carbone (d’un facteur 50 par kilomètre par personne). De la même manière, le choix d’un régime alimentaire végétarien réduit l’impact carbone par rapport à un régime carnivore (d’un facteur 8 par repas).

À titre illustratif, si nous étions partis en voiture depuis Paris (et non en train), l’impact carbone de notre raid aurait plus que doubler, pour atteindre 1800 kg CO2e au total, et 133 kg CO2e par parisien carnivore (114 kg CO2e par parisien végétarien).

Il peut également être utile de comparer ces résultats à l’empreinte carbone moyenne d’un français. Les dernières données du ministère de la transition écologique et du cabinet Carbone 4 évaluent l’empreinte carbone moyenne d’un français à hauteur de 9,9 tonne CO2e par an. Ces émissions peuvent être réparties en 5 catégories, listées ici de la plus émissive à la moins émissive et représentées sur la figure ci-dessous :

  1. Je me déplace (transports) ;
  2. Je mange (alimentation) ;
  3. Je me loge (logement) ;
  4. J’achète (achats de biens et services) ;
  5. Dépense publique (services publics).

Les émissions de notre raid au Thabor concernent principalement les catégories transports et loisirs (hébergement et restauration). Estimées à 14 kg CO2e par jour par personne, elles peuvent être comparées à l’empreinte carbone moyenne journalière d’un français (27 kg CO2e), mais avec prudence, car elles viennent essentiellement s’ajouter (et non remplacer) nos émissions du quotidien.

Enfin, il est utile de mentionner une limite à l’exercice, car pour notre sortie ski, nous avons tous acheté ou loué tout un tas d’équipements : skis, chaussures, vêtements techniques, sac à dos, DVA, montres, etc. dont les émissions ne sont pas comptabilisées ici. Or l’impact des équipements techniques n’est pas négligeable. Idéalement il faudrait estimer leurs émissions et les répartir relativement à leur durée de vie.

Audrey

Sources :

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